Ce roman de Jack
London, que l'on tient aujourd'hui pour son chef-d'oeuvre, est
sans doute également la plus autobiographique de toutes ses
oeuvres. Depuis sa première publication, en 1909, il apparaît
très clairement que l'histoire de Martin Eden, héros au génie
incompris, possède de nombreux points communs avec celle de son
créateur. Tous deux sont des aventuriers, tous deux sont avide
de ce savoir à la portée de n'importe quel jeune homme de la
classe bourgeoise. Tous deux sont autodidactes, rejetant ainsi
la culture banale des riches de ce monde. Martin Eden
reste, cependant, un ouvrage extrêmement romanesque. Il nous
conte l'ascension douloureuse, puis la chute brutale qui conclut
cette ascension, d'un jeune homme pauvre aveuglé par l'amour et
les richesses dont il a toujours été privé. Il ne s'agit pas
seulement d'un roman d'apprentissage, mais aussi du récit d'un
désenchantement, du refus catégorique de se conformer à la
vision commune de l'élite d'une société qui se gangrène,
hermétiquement fermée à toute pensée originale, aussi
brillante fût-elle.
Sept ans après
avoir écrit Martin Eden, Jack London met fin à ses
jours, faisant valoir son droit à "anticiper le jour de sa
mort", selon ses propres termes tirés d'un article sur le
suicide datant de 1914.
L'histoire : Martin Eden est un
jeune marin né dans les bas-fonds. Sa vie est faite d'aventures
extraordinaires, de voyages, mais aussi de brutalité et de
travail. Lorsqu'un jour il rencontre la charmante Ruth Morse,
jeune fille délicate issue d'une famille bourgeoise dont il
tombe immédiatement et follement amoureux, il décide de partir
en croisade contre sa propre ignorance. Petit à petit, d'abord
pour plaire à la jeune fille qu'il aime, puis par goût réel
de l'étude, il se forge une culture encyclopédique dans tous
les domaines et s'efforce de conquérir le succès en devenant
écrivain. Mais malgré son talent, il lui apparaît bien vite
que la conquête d'un milieu qui n'a jamais été le sien
s'avère une épreuve douloureuse et insurmontable.
L'avis du
webmaster : Je n'étais
sans doute pas la seule à considérer Jack London comme un
auteur d'aventures pour enfants, n'ayant, pour seule
référence, que ses ouvrages les plus célèbres, à savoir Croc-blanc
et L'appel de la forêt. Avec Martin Eden j'ai
découvert un écrivain d'une toute autre dimension, un
écrivain certes toujours romanesque, mais pourvu d'une pensée
O combien plus profonde, dans ses moments de détresse comme
dans ses moments d'intense enthousiasme.
Qu'on se le dise, Martin Eden
est un livre sans espoir. Depuis les premiers pas hésitants du
jeune homme jusqu'à l'aboutissement quasi miraculeux de ses
efforts artistiques, depuis les premiers mots d'amour jusqu'à
la rupture inévitable, il n'est pas un seul passage qui nous
donne le droit d'imaginer une fin heureuse. Mais c'est aussi
cette amertume qui donne à l'oeuvre de London son souffle
puissant, son incroyable énergie, son émotion. Martin Eden est
un personnage d'une pureté et d'une honnêteté qui forcent
l'admiration du lecteur. Un héros fait de passions, parfois
aussi intransigeant dans ses opinions que les membres-même de
cette société qu'il finit par rejeter. A peine ses premières
lignes parcourues, l'oeuvre captive, de telle façon qu'il
semble impossible d'en détacher les yeux une seconde. Peu
d'auteurs peuvent verser dans leurs créations tant de vie, tant
de brio, tant de générosité et de vivacité que Jack London
dans son chef-d'oeuvre que, donc, je vous conseille de
découvrir de toute urgence. (!)
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