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Pas toujours en quête de célébrité, mais avec le profond désir de faire connaître une parcelle de leur imagination, de leur talent, de leur travail, les jeunes auteurs devaient avoir une place dans ces pages. Il est de plus en plus difficile pour un  écrivain débutant d'être publié de nos jours : offrons-leur ce petit coup de pouce, dans l'espoir qu'il leur portera chance...

 

L'invité de la semaine : Benoît Caurette

 

Benoît est journaliste pour la Presse de Gray. A 23 ans, et ce à la suite de longues années de recherche, il publie Le chemin des miséreux, une chronique historique du petit village haut saônois de Bard-Lès-Pesmes, dans lequel il a élu résidence il y a près de quinze ans. L'oeuvre se penche plus particulièrement sur la vie des villageois à travers l'influence et l'évolution de la religion durant une période qui s'étend de 1644 à 1803, période durant laquelle le petit village s'est vu renaître de ses cendres après sa dévastation causée par la guerre de dix ans. Deux tomes sont encore à venir, qui couvriront à eux deux une période de plus de deux siècles, jusqu'en l'an 2000. Entretien avec un jeune historien passionné...

 

@ livre ouvert : Vous avez choisi de retranscrire l'histoire de votre village sous un angle un peu particulier, celui de la religion...

Benoît Caurette : J'ai fait cela pour une raison très simple. Durant des siècles, le clergé a occupé une place très importante dans la vie de Bard. Pour ces hommes très croyants, il s'agissait d'une sorte de maître à penser. A peu de choses près, on peut considérer que le curé du village était une sorte de seigneur, à qui l'on devait rendre de nombreux services et payer des impôts. L'autorité du prêtre est rarement contestée, il a sa place partout au coeur de la vie villageoise, sans que personne n'y trouve rien à redire. Le curé occupait aussi une place particulière parce qu'il était l'un des rares hommes lettrés du village. A une époque où tout passait par l'écrit, c'est à lui qu'il fallait s'en remettre pour s'occuper de certaines affaires, publiques ou privées. En cela, il rendait d'énormes services à la communauté.

@.L.O. : Le premier volume de votre trilogie s'ouvre sur une période très tourmentée...

B.C. : Une période très noire, oui. Nous sommes au lendemain de la guerre de Dix ans, qui correspond en fait à la période comtoise de la guerre de Trente ans. A cette époque, les villages de Franche-Comté ont tous été brûlés, et leurs habitants passés au fil de l'épée. Avant 1644, la Franche-Comté est espagnole, et le restera d'ailleurs jusqu'en 1678. Il est difficile de raconter avec précision les événements qui se sont déroulés à Bard-Lès-Pesmes avant la fin de la guerre de Dix ans, puisque de nombreux documents ont été détruits en même temps que les murs...

@.L.O. : Mais le village existait avant cette guerre ?

B.C. : Il a été attesté au 12ème siècle, ce qui ne veut pas dire qu'il n'avait pas d'existence auparavant. Ce que l'on peut dire, c'est qu'il y avait une famille de seigneurs de Bard qui régnait sur le village.

@.L.O. : On peut donc dire que 1644 est une date symbolique pour le village.

B.C. : C'est à partir de cette année-là qu'il va renaître de ces cendres. Certains habitants ont pu échapper au massacre et sont revenus à la fin de la guerre pour reconstruire Bard-Lès-Pesmes. Leurs effectifs ont été renforcés par des colons "étrangers" qui avaient été également privés de toit. La communauté se réorganise tout doucement, commence à bâtir quelques maisons...

@.L.O. : On assiste également au renouveau de la vie religieuse.

B.C. : Au départ, il n'y a pas de curé qui s'occupe du village à part entière. Jusqu'en 1712, il est desservi par le prêtre de Brésilley, un village voisin, dont l'église était considérée comme la "mère" de celle de Bard. Et puis, en 1712, l'abbé Belleney devient le curé de Bard. Les villageois ont enfin obtenu ce qu'ils désiraient : une paroisse autonome.

@.L.O. : Et à partir de là...

B.C. : Il se passe quelque chose de très important, en 1733 : la communauté est affranchie par le seigneur. Ce qui signifie que les Bard-Lès-Pesmois deviennent un peu plus libres. Certaines taxes disparaissent (même si le seigneur s'empresse de les remplacer par d'autres, il n'y a pas de grand changement pour les paysans dans le domaine financier !), certaines mesures permettent aux villageois de posséder quelques biens, alors qu'auparavant ils n'étaient que des serfs. 

 

 

Il y avait des villages en Franche-comté qui avaient connu cet affranchissement presque un siècle plus tôt, et d'autres, seulement quelques années avant la révolution. En la matière nous n'étions pas tellement en retard, mais pas tellement en avance non plus...

@.L.O. : C'est alors que, dix ans plus tard, une nouvelle catastrophe frappe la communauté.

B.C. : C'est en 1742 que survient le grand incendie qui réduira en cendres une partie du village, entre autres les hébergeages de la cure. Une vraie calamité, si l'on ajoute à cela les récoltes détruites par les grêles l'hiver précédent et l'anéantissement de nombre de têtes de bétail, vraisemblablement à cause de la fièvre aphteuse. Tout doit être reconstruit. Et puis, les années passent. En 1753, l'abbé Garnier fait bâtir une nouvelle église.

@.L.O. : On assiste à cette occasion à une mobilisation de tous les villageois.

B.C. : Cette église n'avait pas été réparée depuis la guerre de Dix ans. Au cours du siècle, elle s'était beaucoup délabrée. Il a fallu la détruire entièrement, puis la reconstruire. Pour financer les travaux, les paysans ont vendu de grandes quantités de bois. Tous les habitants ont participé à l'édification de leur église, sous l'égide d'un entrepreneur qui avait été engagé. C'est à partir de cette époque que démarre une période de grands travaux. D'abord l'église, puis vingt ans plus tard, avec l'abbé Cornu, des chapelles, des calvaires, et une nouvelle cure. Tout cela, une fois de plus, à la sueur des villageois.

@.L.O. : L'abbé Cornu est parti depuis quatre ans lorsque la révolution commence...

B.C. : La succession est assurée par l'abbé Chaveriat en 1785. Seulement, lorsqu'en 1791 on lui demande de prêter serment à la Constitution Civile du Clergé, et de ce fait de se déclarer comme un fonctionnaire de l'Etat, celui-ci s'y refuse et prend la fuite. C'est alors qu'un certain François Régnier, un ancien prêtre, revient à Bard, qui était le village de ses pères, officiellement pour y exercer la profession d'agriculteur. En fait, il reprendra clandestinement son ancienne fonction et célébrera, caché dans les caves du village, des messes clandestines. Certains villageois y assisteront, d'autres, non.

@.L.O. : Les détracteurs de l'abbé Régnier étaient donc des révolutionnaires ?

B.C. : On ne peut pas dire qu'il y ait eu de véritable prise de conscience politique chez les Bard-Lès-Pesmois. Les bouleversements de la révolution ont plutôt servi de prétexte pour régler des comptes personnels, plus particulièrement entre la famille Régnier, une famille assez riche, et la famille Henry. 

@.L.O. : La fin de la période révolutionnaire marque également la fin de votre premier ouvrage...

B.C. : En 1803, lorsque le calme revient, l'église ouvre à nouveau ses portes. L'abbé Régnier, tout royaliste qu'il était, avait prêté serment à la Constitution Civile du Clergé. Il lui est donc permis à présent de reprendre ses fonctions de façon officielle. C'est le début d'une nouvelle période, durant laquelle l'Eglise retrouvera toute sa force et son influence, que ce soit à Bard-Lès-Pesmes que dans tout le pays. C'est ce qui constituera le thème principal du deuxième tome de mon ouvrage, qui est encore en cours d'écriture...

 

L'ombre du clocher, tome 1 : Le chemin des miséreux, par Benoît Caurette.

 

 

 

Quelques renseignements utiles...

 

Le chemin des miséreux peut être réservé par souscription jusqu'au 15 janvier, au prix de 20 euros. Au-delà de cette date, il pourra être commandé chez l'auteur pour 25 euros.

Pour contacter Benoît Caurette :

- Composez le 03.84.32.25.30 (téléphone/fax) ou bien le 06.71.88.02.32 (téléphone portable)

- Allez visiter le site du village de Bard, un bulletin de souscription peut y être rempli : www.bard.fr.st

 

 

 

Vous êtes également un jeune écrivain, vous publiez votre première oeuvre et vous souhaitez prendre place dans cette rubrique...

N'hésitez pas à me contacter par mail, en me faisant part de tous les renseignements que vous souhaitez voir inscrits sur ces pages.

 

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