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Titre : Le grand troupeau

Auteur : Jean Giono

Date de publication : 1931

Genre : Roman - réquisitoire contre la guerre

Critique publiée sur le site le : 5 janvier 2003 

 

L'histoire : Il n'y a pas que sur les champs de bataille que sévit la Grande Guerre. Sur les collines aussi, dans cette paix apparente faite de soleil et de campagne, on pille l'existence des familles qui attendent une fils, un mari, un père. On réquisitionne les troupeaux, on fait mourir les bêtes dans de trop longs voyages, on se désespère de ces vies qui ont été retirées, cette chair qui emplissait les champs et les prairies. Julia se languit de son mari Joseph, Madeleine de son amant Olivier. Les deux hommes livrent des batailles qu'ils ne comprennent jamais, marchent de place en place, aveuglément, et regardent leurs camarades tomber autour d'eux. Les deux femmes poursuivent seules leur existence de labeur, guettent chaque jour le courrier venu du front et lancent un regard amer à la place vide du lit à côté d'elles. Nos hommes, ils ne reviendront donc jamais ?

L'avis du webmaster : Ce qui frappe d'abord, chez Giono, c'est la langue, faite d'argot de Provence et de pure poésie, familiarité quasi-lyrique qui vise juste et touche au plus profond. Point de grand faits de guerre, ici, point d'histoire militaire qu'il faut réciter la main sur le coeur. La vie et la mort, simplement. La vie malgré tout, que même la guerre ne peut totalement anéantir. Dans son réquisitoire, Giono nous fait partager, chose assez rare pour l'époque, des morceaux d'existences sur le front et à l'arrière, mis bouts à bouts dans un ordre qui semble chronologique. Deux unités de lieux : les collines, vidées de leur jeunesse et de leur force, et le front, immense et indistingué, où sont venus se perdre et mourir les hommes. Ces deux zones narratives s'opposent constamment : la campagne chaude et verdoyante, quoique privée de sa substance essentielle, est mise en parallèle avec le No Man's Land cauchemardesque des champs de bataille, noir, bourbeux et peuplé de cadavres et de rats. La vie, même vacillante, contre la mort, qui ne faiblit jamais. Giono nous place d'emblée dans la position du témoin direct de toutes ces victimes de la guerre, sans distanciation ou presque. A tout moment, nous sommes au coeur de l'action, séparés des personnages par la barrière fragile d'un narrateur à peine omniscient, qui n'arrange rien, ne ménage pas son lecteur, mais qui parvient, malgré tout, à le faire espérer.

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