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Titre : Arlequin serviteur de deux maîtres

Auteur : Carlo Goldoni

Date de création : 1753

Genre : Pièce en trois actes

Critique publiée sur le site le : 5 janvier 2003

 

L'histoire : Truffaldin ne manque pas de ruse, surtout lorsqu'il s'agit de doubler son revenu de valet en servant deux maîtres à la fois, deux maîtres qui, pour son malheur, ont décidé de loger dans la même auberge, et qui, comble de malchance, sont les deux moitiés d'un même couple amoureux, chacun ignorant la présence de l'autre, pourtant si proche... Mais qu'on se rassure, lorsqu'il s'agit de gagner de l'argent et de conquérir la femme qu'il aime, Truffaldin ne recule devant aucune intrigue...

L'avis du webmaster : Tout d'abord, voici un petit rappel d'histoire du théâtre. Jusqu'à ce que Goldoni vienne mettre son grain de sel, la Commedia Dell'Arte était un théâtre de masques qui utilisait, pour ses représentations, des personnages et des situations faisant partie d'une sorte de canevas qu'on perpétuait de générations d'acteurs en générations d'acteurs. Ils possédaient un bagage si complet en matière de gags, dialogues, intrigues, qu'ils pouvaient aisément, avec de la pratique, ressortir au public ce "fond commun" théâtral en donnant l'impression de sans cesse improviser. Certains auteurs les considère comme des artisans riches d'une très longue expérience d'improvisateurs (qui survenait, malgré tout, à divers endroits dans les représentations), d'auteurs, de costumiers, etc. Chaque troupe est organisée autour d'un capocomico, un acteur en chef responsable de la mise en scène et de la structure des canevas. Cependant, à partir de 1738 va tenter de "réformer" le théâtre italien un auteur dramatique du nom de Carlo Goldoni. Celui-ci supprime petit à petit les masques et commence à rédiger de véritables dialogues pour chaque pièce.

Pour son Arlequin serviteur de deux maîtres, il y aura malgré tout un canevas, rédigé seulement en partie en 1745. La trame de la pièce avait été proposée par le comédien Antonio Sacchi, qui jouait sous le nom de Truffaldin (l'Arlequin de la pièce de Goldoni). Ce n'est qu'en 1753 qu'une version imprimée de l'oeuvre sera publiée, soit huit ans plus tard. Il n'est malheureusement pas possible de juger de la valeur du canevas de 1745, c'est donc de la pièce écrite que nous parlerons aujourd'hui.

Arlequin serviteur de deux maîtres se distingue surtout par l'énergie fantastique qui est véhiculée. Les quiproquos et les farces de Truffaldin s'enchaînent à une vitesse incroyable, celui-ci se laissant (rarement) prendre de cours par les événements, pourtant fort nombreux. Outre Truffaldin on retrouve, en vrac, trois couples amoureux, un Pantalon un peu bébête, une servante fidèle, un aubergiste complice, et un docteur toujours furieux. Les situations se mêlent avec entrain, les intrigues se nouent, se dénouent, se renouent encore, jusqu'à l'heureuse scène finale que l'on ne peut s'empêcher de lire avec un "Ouf !" de soulagement, tant le scénario nous semblait inextricable et tant on perdait l'espoir d'assister aux joyeuses épousailles de nos six amants (rien que ça !).

Le théâtre de Goldoni est un théâtre visuel. Malgré le vif plaisir que l'on ressent à parcourir ces pages pleines de vie, on ne peut pas ne pas éprouver de regrets à l'idée de ne pas avoir pu, tout d'abord, voir sur scène les pirouettes et les farces de Truffaldin, les colères du docteur Lombardi,  et le chassé-croisé des comédiens jusqu'aux retrouvailles du dénouement. Ne lisez donc pas cette pièce. Attendez que le théâtre de votre ville la joue. Et régalez-vous.

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