L'histoire : Truffaldin
ne manque pas de ruse, surtout lorsqu'il s'agit de doubler son
revenu de valet en servant deux maîtres à la fois, deux
maîtres qui, pour son malheur, ont décidé de loger dans la
même auberge, et qui, comble de malchance, sont les deux
moitiés d'un même couple amoureux, chacun ignorant la
présence de l'autre, pourtant si proche... Mais qu'on se
rassure, lorsqu'il s'agit de gagner de l'argent et de conquérir
la femme qu'il aime, Truffaldin ne recule devant aucune
intrigue...
L'avis du
webmaster : Tout d'abord, voici un petit rappel d'histoire
du théâtre. Jusqu'à ce que Goldoni vienne mettre son grain de
sel, la Commedia Dell'Arte était un théâtre de masques qui
utilisait, pour ses représentations, des personnages et des
situations faisant partie d'une sorte de canevas qu'on
perpétuait de générations d'acteurs en générations
d'acteurs. Ils possédaient un bagage si complet en matière de
gags, dialogues, intrigues, qu'ils pouvaient aisément, avec de
la pratique, ressortir au public ce "fond commun"
théâtral en donnant l'impression de sans cesse improviser.
Certains auteurs les considère comme des artisans riches d'une
très longue expérience d'improvisateurs (qui survenait,
malgré tout, à divers endroits dans les représentations),
d'auteurs, de costumiers, etc. Chaque troupe est organisée
autour d'un capocomico, un acteur en chef responsable de
la mise en scène et de la structure des canevas. Cependant, à
partir de 1738 va tenter de "réformer" le théâtre
italien un auteur dramatique du nom de Carlo Goldoni. Celui-ci
supprime petit à petit les masques et commence à rédiger de
véritables dialogues pour chaque pièce.
Pour son Arlequin
serviteur de deux maîtres, il y aura malgré tout un
canevas, rédigé seulement en partie en 1745. La trame de la
pièce avait été proposée par le comédien Antonio Sacchi,
qui jouait sous le nom de Truffaldin (l'Arlequin de la pièce de
Goldoni). Ce n'est qu'en 1753 qu'une version imprimée de
l'oeuvre sera publiée, soit huit ans plus tard. Il n'est
malheureusement pas possible de juger de la valeur du canevas de
1745, c'est donc de la pièce écrite que nous parlerons
aujourd'hui.
Arlequin
serviteur de deux maîtres se distingue surtout par
l'énergie fantastique qui est véhiculée. Les quiproquos et les
farces de Truffaldin s'enchaînent à une vitesse incroyable,
celui-ci se laissant (rarement) prendre de cours par les
événements, pourtant fort nombreux. Outre Truffaldin on
retrouve, en vrac, trois couples amoureux, un Pantalon un peu
bébête, une servante fidèle, un aubergiste complice, et un
docteur toujours furieux. Les situations se mêlent avec
entrain, les intrigues se nouent, se dénouent, se renouent
encore, jusqu'à l'heureuse scène finale que l'on ne peut
s'empêcher de lire avec un "Ouf !" de soulagement,
tant le scénario nous semblait inextricable et tant on perdait
l'espoir d'assister aux joyeuses épousailles de nos six amants
(rien que ça !).
Le théâtre de
Goldoni est un théâtre visuel. Malgré le vif plaisir que l'on
ressent à parcourir ces pages pleines de vie, on ne peut pas ne
pas éprouver de regrets à l'idée de ne pas avoir pu, tout
d'abord, voir sur scène les pirouettes et les farces de
Truffaldin, les colères du docteur Lombardi, et le
chassé-croisé des comédiens jusqu'aux retrouvailles du
dénouement. Ne lisez donc pas cette pièce. Attendez que le
théâtre de votre ville la joue. Et régalez-vous.
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